Les commanditaires de l'oeuvre, Pierre II de Bourbon et son épouse Anne de France, en costume ducal, sont figurés agenouillés sur la face interne des volets. Accompagnés de leur fille Suzanne, ils sont présentés par saint Pierre, en habit pontifical, et par sainte Anne. Suzanne paraît avoir sept ou huit ans, ce qui a permis de situer la création du triptyque vers 1498-1499.

Au revers des volets a été peinte la scène de l'Annonciation, traitée en grisaille selon une formule habituelle à cette époque chez les peintres flamands. De formation flamande, le Maître de Moulins révèle dans son art l'influence de Hugo van der Goes (actif à Gand entre 1467 et 1478), tout en développant un style personnel au contact des oeuvres des peintres français de son époque, en particulier Jean Fouquet.

C'est le seul triptyque du Maître de Moulins conservé dans sa totalité, mais ce n'était pas la première commande du couple ducal au peintre : trois panneaux conservés au Musée du Louvre les représentent, Suzanne y étant figurée encore tout jeune enfant, ce qui date ces portraits des années 1492-1493. La partie centrale a disparu, mais les panneaux représentant La Rencontre à la Porte dorée, conservé à la National Gallery de Londres et L'Annonciation, à l'Art Institute de Chicago, appartiennent à ce retable qui célébrait l'Immaculée Conception.

L'emplacement originel du triptyque de la Vierge en gloire n'est pas connu. Fut-il commandé par Anne et Pierre de Beaujeu pour l'autel de la chapelle dans la partie Renaissance du château (située à l'emplacement actuel des salles d'exposition temporaire du musée) qu'ils firent élever à partir de 1497 ? Ou pour la collégiale, le choix de l'iconographie mariale plaidant en faveur de cette hypothèse (la dévotion mariale était toutefois très répandue) ? Le triptyque n'est jamais mentionné dans les descriptions qui nous sont parvenues.

TRIPTYQUE DE LA VIERGE EN GLOIRE

Maître de Moulins

Madeleine Huillet-d'Istria, La peinture française de la fin du Moyen Âge. 1480-1530 : de l'art gothique à la première Renaissance. 1 : Le Maître de Moulins, Paris, 1961. Philippe Lorentz et Annie Regond, Jean Hey : le Maître de Moulins, Exposition de la Cathédrale Notre-Dame de Moulins

Vers 1498-1499

Peinture à l'huile sur panneau de chêne
- H : 159 cm - Long : 133 cm

Quant à l'identité de l'artiste, elle n'a pu être définitivement établie, en dépit de multiples études et hypothèses. Le nom véritable du Maître de Moulins est-il Jean Prévost, peintre-verrier lyonnais, comme l'avance Albert Châtelet dans l'ouvrage le plus récent (2001) consacré au peintre ? Ou bien plutôt Jean Hey, originaire des Pays-Bas et dont la seule oeuvre authentifiée, un Ecce Homo conservé aux Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, a été exécutée en 1494 à Moulins pour Jean Cueillette, trésorier de Pierre II de Bourbon ? La question demeure ouverte.

Bibliographie

LE TRIPTYQUE EN POSITION FERMEE

L'Annonciation, en grisaille